jeudi 24 octobre 2013

Semaine 4


Noura et Sophie:
Nous avons passé notre 4ème semaine de stage en médecine pédiatrique. Ce service n’est pas comme un service de pédiatrique que l’on a habitude de voir en Suisse, c’est une immense qui contient des lits alignés où mamans et enfants dorment. Les lits étaient toujours occupés et à chaque fois qu’un enfant sortait, un nouvel était admis. Cette semaine-là, il  y avait 5 étudiantes infirmières dans le service, avec pour toutes, l’envie de pratiquer des soins. Il nous a été plutôt difficile de se faire une place dans l’équipe et autant dire que les soins techniques ne seront pas réservés. Malgré tout, nous souhaitions apporter quelque chose à ses enfants, pouvoir les accompagner dans leur rétablissement d’une manière ou d’une autre. Nous allions y passer une semaine entière alors il fallait que l’on se rende utile. Très vite, nous nous sommes mise d’accord sur le fait qu’il fallait distraire ces enfants. Certains étaient grands (12-16 ans) et pourraient se changer les idées avec une activité ludique. Nous avons pensé au dessin et au bricolage. 
Après notre toute première journée terminée, nous nous sommes rendues dans un petit shop de Dhulikhel pour le dévaliser de tout son stock de crayons, papiers de couleurs, colle etc.

Guirlande de bonhommes fabriquée par les enfants 
Le soir même, nous nous sommes mises avec l’aide d’Audrey a découper des bonhommes en carton, des habits, chapeaux, chaussures de toutes les couleurs que les enfants colleront. Ceci dans le but de faire une farandole que l’on accrochera dans la salle de jeux de la pédiatrie. Dès le lendemain matin, nous avons été étonnées de notre succès auprès des enfants. Ils ont commencé à venir timidement vers nous lorsque l’on était au chevet d’un autre enfant pour nous demander des crayons et des dessins à colorier. Petit à petit, tous nous sollicitaient pour que nous leur donnions de nouveaux dessins. Nos ateliers ont plu aux enfants, même aux plus grands, chacun semblait avoir du plaisir à penser à autre chose, ne serait-ce le temps d’un coloriage.




Un enfant de 13 ans nous a particulièrement touché, il s’appelait Binod. Il était atteint de la fièvre entérique et du syndrome de Steven Johnson, une maladie orpheline grave touchant la peau et les muqueuses. Dans le service, les enfants étaient plutôt joyeux et courraient partout, mais il y avait Binod, accompagné de son papa qui semblaient tous deux si tristes. Nous n’avons jamais vu de femme auprès de lui et ignorons s’il avait encore sa maman. Lui et son père ne parlaient pas un seul mot d’anglais. Ils nous observaient avec tout notre matériel de bricolage aller et venir entre les lits des enfants du service. Nous lui avons proposé des crayons et un cahier rempli de dessin qu’il a tout de suite accepté. Il s’est mis à colorier encore et encore et nous demandait d’accrocher ses dessins au dessus de son lit. Chaque fin de journée, il rangeait son cahier et ses trois crayons dans sa table de nuit et attendait notre retour le lendemain pour nous demander de nouveaux dessins. Même si faire des dessins et bricolages avec des enfants peut paraître une chose banale, nous sommes très satisfaites d’avoir pu apporter à ces enfants un peu de joie et de divertissement. Le regard reconnaissant des parents et celui rempli d’étoiles des enfants étaient fort. Cela nous a prouvé tout ce que l’on peut partager avec des personnes d’une culture différente et avec qui la communication verbale et quasi impossible.
Lorsque Binod a quitté le service pour rentrer à domicile, nous lui avons offert une boîte à crayon et un cahier, nous n’oublieront jamais le regard de cet enfant et de son père. 



Audrey:

Et c’est parti pour une semaine en salle d’accouchement ! Ceux qui me connaissent savent que ce n’est pas forcément ma tasse de thé ! Mais c’était l’occasion d’aller assister à des naissances, chance que je n’aurai pas en Suisse !

Autant les urgences ne me stressaient pas du tout, autant cette semaine avec des femmes enceintes et des bébés m’a fait un peu stresser !


Salle d'accouchement (oui les lits sont proches)

Première journée, j’arrive, je me présente, j’aide les infirmières à faire des lits et je me rends dans la fameuse chambre n° 9. (oui, vous savez celle où toutes les femmes crient !) Une horde de 15 étudiantes infirmières népalaises se trouve dans la chambre : elles écoutent les battements de cœur du fœtus, elles comptent les contractions, préparent les perfusions. Tout ça sous l’œil attentif d’une praticienne formatrice. Je ne sais pas trop où me mettre, ni quoi faire. Je croise alors le regard d’une jeune fille d’à peine 18 ans qui se tord de douleurs et qui crie à faire trembler les murs. Je m’approche d’elle et là elle s’agrippe à mon bras et ne me lâche plus ! Je suis restée auprès d’elle plus de deux heures et j’avais l’impression d’avoir des contractions dans mes bras tellement elle les tenaient fort ! Chaque 30 minutes on venait contrôler la dilatation du col et les battements du fœtus. A un certain moment, j’avais l’impression que la jeune fille poussait pendant ces contractions je lui ai donc demandé en népali « goni ? »  (pas sûre que ça s’écrive comme ça) et elle me fait un signe de la tête indiquant que oui. Je soulève le drap, regarde entre ses jambes et là j’ai vu la tête du bébé ! J’ai du crier un truc du genre « the baby is here ». A peine ces mots prononcés, je me suis retrouvée en salle d’accouchement. Mais il aura fallu attendre près de 2h pour voir ce petit garçon naître! Et je vous avoue que j’ai versé ma petite larme quand j’ai vu mon premier bébé naître !
Lit n°3



Lit pour les bébés








Je ne vais pas vous raconter chacun de mes accouchements, car sur ma semaine j’en ai eu plus de 10, dont 5 le dernier jour et 3 pratiquement en même temps. Pendant que la première poussait la seconde arrivait en urgence. Pendant que la première finissait de pousser et se faisait recoudre, la seconde poussait et la troisième arrivait. Pendant que la première buvait son thé, la seconde se faisait recoudre en face de la première (qui buvait son thé) et la troisième donnait naissance à son bébé. Vous avez suivi?Tout me paraissait surréel !
Je suis vraiment super contente d’avoir passé ma semaine là-bas et d’avoir pouponné ces petits bébés ! 



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