Voilà
déjà une semaine que nous sommes au Népal … l’occasion de vous raconter ce qui
s’est passé durant notre stage. On va essayer de le faire assez régulièrement
afin de partager ce que nous vivons. Avant de commencer on tenait juste à
préciser qu’en aucun cas on ne cherche à critiquer ce que nous pouvons observer
en stage. On va écrire nos ressentis, nos émotions, face à certaines situations
qui ont pu nous toucher mais on ne veut pas juger ou comparer avec la Suisse. En
une semaine, nous avons pu nous rendre compte que les équipes médicales font
avec ce qu’elles ont et qu’il manque malheureusement de moyens.
Dès notre arrivée, nous avons pu
« goûter » à l’organisation népalaise : quasi inexistante ! Mais c’est ce qui fait aussi le
charme du pays ! Après avoir rencontré la responsable nous avons été les
trois envoyées respectivement en consultations gynécologique et obstétrique
(Audrey), aux urgences (Sophie) et en salle d’accouchement (Noura).
Avant
que chacune de nous explique la journée type de son service, le ressenti
général de cette première semaine est qu’il y a beaucoup de différences avec ce
que nous connaissons. Il y a des situations touchantes et parfois difficiles à
vivre et on se rend compte combien il est important de pouvoir partager ça. On
le fait entre nous, mais on a la chance de vivre avec d’autres étudiantes
infirmières, des étudiants médecins, dentistes avec qui on peut aussi le soir
autour d’un verre parler de notre journée.
 |
|
Noura
Le
service compte trois grandes chambres. La chambre n° 7 contient sept lits avec
des femmes qui ont des problèmes gynécologiques, principalement hospitalisées
pour avoir fait des fausses couches. La chambre n° 8 accueille les femmes qui
ont accouchée par césariennes, elles restent quelques jours sous surveillance.
On y trouve 8 lits. La n° 9 est celle dans laquelle les femmes patientent, avec
leur ventre rond, avant de passer en salle d’acouchement. Ceci est de la théorie,
je retrouvais quotidiennement des femmes avec leur nouveau-né dans chacune des
trois chambres. L’équipe est composée de six imfirmières et de quelques médecins,
souvent accompagnés d’une gynécologue, qui passe de temps en temps dans le
service.
Je
vais raconter une de mes journées pour vous donner une petite idée. A 7h je
retrouve les infirmières de nuits qui font les transmisions de la nuit aux
infirmières de jours, au pied du lit de chacune des patientes concernées. Aussitôt
fait, j’enfile les gants et le masque et aide les infirmières à refaire le lit
des dames. Lorsqu’il n’y a plus de draps propres, nous retournons le drap. Lorsqu’on fait les lits, les patientes
se mettent à plusieurs devant le lavabo de la chambre et attendent gentillement
que nous leur coiffions les cheveux ; une tresse de préférence…J’entend
plusieurs futures maman hurler de douleur dans la chambre d’à côté, elles
contractent presque toutes ! Nous devons compter la durée des contractions
pendant dix minutes en posant simplement la main sur le ventre avec une montre
sous les yeux. Cela peut parraître simple mais c’est en fait très dur ; je
ne sens absolument rien. Au bout de la 3e patiente, je crois sentir des
contractions. Très rapidement trois futures mamans se retrouvent dans la même
salle d’accouchement. Tout le monde pousse en même temps ! Les infirmières,
avec une formation supplémentaire, sont à leur poste. Ca crie dans tout les
sens, je ne sais plus où donner de la tête. Et voilà une première petite tête
dehors, toute bleue car le bébé a le cordon autour du coup. L’infirmière tente
de stimuler le bébé en frottant son dos, en tapant sous ses pieds et finalement
au bout de 15 minutes il se met à pleurer. Une 4e femme est prête à donner
naissance alors la maman qui vient d’accoucher doit vite laisser sa place à la
suivante. Pendant que certaines soignantes s’occupent des accouchement, les
autres se chargent de noter les données concernant les nouveau-nés. Il y a également
une infirmière responsable de réceptionner le bébé fraîchement sorti afin de
lui prodiguer les soins nécéssaire puis de le présenter à sa maman. Il est déjà
14h, l’heure pour moi de quitter le service.
Il y a une moyenne de vingt
accouchements par jours. Autant dire que les journées passent vite !
Audrey
J’ai passé ma première semaine dans le service des consultations gynécologiques
et obstétriques. Je n’ai jamais vu autant de femmes enceintes de ma vie
(environ 250 en 5 jours). Le rôle
des infirmières consiste à prendre les signes vitaux des femmes puis
d’effectuer l’examen clinique durant lequel elles évaluent les semaines de
gestation, la position du fœtus. Elles peuvent également prescrire des
médicaments et faire des ordonnances. Les
femmes sont souvent accompagnées de leur mari ou de leur famille (mère,
grand-mère). Quand les infirmières prescrivent des bilans sanguins par exemple,
c’est aux membres de la famille ou à la femme enceinte d’aller chercher ses
tubes pour les prises de sang, de les amener aux laboratoires, d’attendre et
enfin de revenir avec les résultats auprès des infirmières. Il faut donc
énormément de patience car le simple rendez-vous obstétrique risque de prendre
au minimum une demi-journée. Puis vendredi, j'ai passé la journée dans le département de gynécologie où toute sorte de cas se présentent: beaucoup de femmes enceintes, mais aussi des jeunes filles ou alors des grand-mères. Autant les médecins ou les infirmières pratiquent l'examen clinique. En fin de journée, une infirmière lave tout les spéculums dans le lavabo du service et pour les patientes qui ont reçu les résultats de leurs tests trop tard elle devront revenir le lendemain.
Ca été une semaine plutôt calme où je n'ai pas pu faire grand chose. Mais cela m'a permis de m'imprégner de la vie à l'hôpital et de rentrer dans le bain tout en douceur.
Sophie
Le service
des urgences du Dhulikhel Hospital accueille les urgences vitales et non
vitales adultes et pédiatriques. Il se résume en une grande pièce munie de dix lits
qui peuvent être séparés les uns des autres par des rideaux. On y trouve aussi
un box indépendant pour les urgences gynécologiques ainsi qu’une salle de réanimation.
Le staff est composé d’infirmières, d’étudiantes infirmières locales, de médecins
et d’assistants. J’ai pu observer six grandes catégories de « cas » qui
se présentent aux urgences, les problèmes en lien avec : le système
respiratoire, digestif, gynécologique, psychologique, les traumatismes divers, les
empoisonnements. Je pense que comme dans tous services d’urgences, il y a des
moments très calmes et des moments de grande affluence. Il n’est pas rare de
voir soudainement plusieurs personnes arriver en masse, à tel point que deux
patients soient obligés de partager le même lit ou alors qu’un d’entre eux soit
installé sur un tabouret dans un coin. Dans ces moments là, j’étais étonnée de
l’efficacité de l’équipe, même dans les moments de stress il y a toujours un
soignant pour accueillir et installer un patient qui se présente. Je ne dirai
pas qu’il n’y a pas « d’organisation » mais aucun soignant (médecin
ou infirmier) n’a de patient attitré, tout le monde s’occupe de tous les
patients et le service semble bien fonctionner comme ça. Au Népal, les proches
sont très présents auprès des patients, il est rare qu’une personne se présente
seule aux urgences. D’ailleurs la famille est particulièrement impliquée dans
les soins. Le rôle infirmier auprès du patient consiste en l’accueil et l’installation
de ce dernier, la surveillances des paramètres vitaux, l’anamnèse et dans la
grande majorité des cas, la pose d’une voie veineuse, l’injection de médicaments
et divers examens demandé par le médecin (bilans sanguins et électrocardiogramme).
Suite à quoi, le médecin ausculte le patient et prescrit les traitements et matériaux
(cathéters, seringues etc.) que les proches devront aller chercher et payer à
la pharmacie de l’hôpital. Les proches soutiennent le patient, l’hydratent, le
nourrissent, l’accompagnent aux toilettes, le lavent, assistent les soignants,
tiennent le haricot, vident le pot de chambre, l’accompagnent aux divers
examens d’investigations et amènent eux-mêmes les tubes de sang et d’urine au
laboratoire… cela est normal pour les gens d’ici. Une étudiante népalaise n’en
revenait pas lorsque je lui ai dit que chez nous ceci relève du rôle infirmier,
elle m’a demandé « quoi c’est vous qui emmener les patients aux WC ? »
 |
| Salle gynéco aux urgences |
Au niveau du
matériel, les soignants sont très attentifs à l’économie. Tout matériel est réutilisé
pour le prochain (hormis les aiguilles), mais selon les « critères »
du Népal, l’asepsie est tout de même respectée lors des soins techniques.
Un point qui
m’a interpellée, est la relation entre le soignant et le patient qui est quasi
inexistante (toujours en comparaison à la Suisse), même si je ne comprend pas
la nature de leurs échanges (car ils parlent en népali), ils restent très
superficiels.
Je n’ai pas
eu l’occasion de faire un stage dans un service d’urgence en Suisse et je suis
heureuse d’avoir vécu cette expérience au Dhulikhel Hospital, aujourd’hui je
peux me dire : « travailler aux urgences ?… pourquoi pas ».
Contrairement
à Noura et Audrey, je n’ai pas changé de service après la 1ère semaine, je suis
restée deux semaines aux urgences et Noura m’y a rejoint après son expérience
en salle d’accouchement.